La volonté politique est le point de départ incontournable. Si cette ambition est indispensable, elle ne suffit pas cependant. Elle nécessite également l’adhésion, ou a minima la bonne volonté, du service informatique.
« La volonté politique est première. Un directeur général des services ne s’opposera pas à la volonté des élus. Néanmoins, un soutien de la direction est synonyme de moyens à mobiliser sur le projet ». Mais le « gros de l’effort sur le logiciel libre » réside ailleurs, à connaître le « changement culturel à opérer ».
Fontaine n’a eu à consacrer aucun budget pour accompagner l’adoption par les utilisateurs et les équipes de la DSI. La ville a ainsi opté pour elementary OS, qui répondait à ces attentes. Outre l’ergonomie, il importe aussi d’opter pour une technologie s’intégrant au SI existant.
« Il ne faut pas qu’en se connectant sous Linux, accéder à des disques partagés devienne un enfer. Ce doit être au moins aussi simple », cite par exemple le directeur de la stratégie numérique. « Les utilisateurs sous Linux ne doivent être aucunement pénalisés. Et leur proposer un système plus beau, plus rapide, et aussi simple, facilite automatiquement l’adhésion ».
Cette intégration avec l’existant s’appréhende de manière étendue, pour garantir la compatibilité avec les systèmes d’impression notamment. Cela suppose une analyse des besoins métiers et de leurs outils du quotidien. Elle suppose aussi, dans le cadre des recrutements à la DSI, d’être attentif aux compétences des nouvelles recrues.
Cette première étape a permis de lever des freins récurrents et des préjugés, mais aussi de résoudre les éventuels incidents techniques. A suivi une seconde phase d’adoption basée sur un plan de volontariat. Seuls les utilisateurs le souhaitant ont été équipés de postes Linux. Résultat : aucune résistance et de futurs exemples qui contribueront à convaincre d’autres employés. Après un an, 5 à 10 % des postes étaient sous Linux.
D’autres étapes ont pu être enclenchées ensuite. Lors des renouvellements de PC, les utilisateurs pouvaient choisir entre Windows et Linux. Une incitation toujours, mais pas d’obligation. Le déploiement s’est poursuivi avec 20 % du parc sous logiciel libre après trois ans. La municipalité estimait alors possible d’accélérer. Lors des changements de PC, Linux devenait la solution par défaut. La conservation de Windows devait être justifiée, par exemple par un motif d’incompatibilité applicative insoluble, selon Nicolas Vivant.
« L’objectif, ce n’est pas 100 % de Linux, mais autant de Linux que possible et que les utilisateurs n’en souffrent pas ».
Linux n’est pas une fin en soi néanmoins. L’adoption des logiciels libres, qui englobe aussi la suite bureautique Libre Office, répond à des enjeux de souveraineté numérique et de coûts. L’expert de la Mairie d’Échirolles évalue les économies de licences à 100 000 euros par an. Les avantages sont aussi côté utilisateurs avec des bénéfices en termes de sécurité et de simplicité d’usage. En matière d’administration, les atouts de Linux sont aussi au rendez-vous, notamment sur les mises à jour et la stabilité des postes.