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Portrait | Laurent Chemla, premier cyberpirate de France | France | Décembre 2021

vendredi 24 décembre 2021

À lire sur La Vie

Mai 1986. 7 heures du matin. La tignasse brune en désordre, les yeux à peine ouverts, Laurent Chemla, 22 ans, observe, médusé, les sept policiers qui fouillent sa chambre. « Ils ont frappé à la porte, arme au poing, réveillé mes parents et récupéré tout ce qu’ils pouvaient : l’ordinateur et même le Minitel. J’ai été embarqué au 36, quai des orfèvres », raconte, 35 ans plus tard, le premier Français arrêté pour piratage informatique.

Mis en examen pour « vol d’énergie »

À quelques kilomètres de là, même sort pour son acolyte, autre surdoué du clavier. Le duo se retrouve à la Crim’ pendant 48 heures. « Ni le policier ni la juge d’instruction ne comprenaient la situation. Nous avons été mis en examen pour “vol d’énergie”, c’est dire ! », ironise Chemla, la voix rocailleuse.

Leur crime ? Avoir utilisé le Minitel comme modem en le reliant à leur ordinateur et profité du réseau internet de France Télécom pour les entreprises en créant une messagerie devenue un repaire de pirates. « À l’époque, personne ne comprenait rien à l’informatique », précise Chemla depuis Nîmes où il vit désormais. Les compères sont relaxés, mais l’affaire fait du bruit.

« J’ai créé un jeu et je suis rentré dans le métier sans le vouloir »

Ce fils d’un comptable et d’une secrétaire est alors programmeur dans l’entreprise qu’il a cofondée, Imperasoft. « L’informatique ? Je suis tombé dedans tout seul », affirme-t-il. C’est plus précisément en classe de première qu’a lieu le grand plongeon. À l’aube des années 1980, il casse le programme de la calculette de son camarade « sans le faire exprès ».

Il réussit à reprogrammer la machine et en profite pour apprendre le Basic, une des familles des langages de programmation. Il passe l’été suivant enfermé dans un bureau de chez Rothschild, un job étudiant pour « se payer l’Oric », le premier micro-ordinateur qui passe la porte des foyers français. « Avec, j’ai créé un jeu et je suis rentré dans le métier sans le vouloir », précise celui qui voit sa brillante carrière comme une suite d’heureux hasards.

L’eldorado de la Toile

Le quinquagénaire fait partie de cette poignée de génies qui se sont familiarisés avec un Internet encore en chantier. Une ère merveilleuse où « il suffisait de taper à la porte des fabricants pour décrocher un job ». Cet eldorado de la Toile, il se plaît à en chanter les louanges dans son livre Confessions d’un voleur (Denoël, 2002) : « Je me souviens qu’à cette époque, quand je disais “Internet”, mes amis me regardaient comme si je débarquais d’une autre planète. J’avais beau leur dire que ce bidule allait révolutionner le savoir humain, ils me regardaient d’un air apitoyé et retournaient à leur travail… »

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